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La lucicité est la blessure la plus proche du soleil

20 août 2015

Paf

Vous ne savez pas ce que c'est, croyez-moi. Vous n'en avez aucune idée. De ce que c'est. Le noir. Le brouillard noir. Celui qui efface tout.

Vous ne penseriez jamais à me plaindre. Surdouée, rien que le terme vend du rêve. Vous m'imaginez brillante, épanouie, réussissant professionnellement, socialement, ayant toujours réponse à tout, sachant tout sur tout.

Pourtant non. C'est l'inverse. Qui songerait à plaindre quelqu'un ayant trop d'intelligence? Personne. Qui sait ce qu'implique avoir trop d'intelligence? Personne.

Non vraiment vous n'avez pas la moindre idée de ce que peut être ma vie. Ma vie de solitude, d'échecs. Ne jamais être à sa place. Ne jamais voir la lumière. Cet ennui lancinant, écrasant tout comme une coulée de boue, cet ennui qui revient sans cesse, tout le temps, même dans les moments les plus inappropriés.

Vous n'avez pas idée de ce que c'est cet organe qui fonctionne seul. Sans se concerter avec vous. Ce cerveau qui roule à l'infini, qui jamais ne s'arrête. Vous n'avez pas idée de ce que c'est de ne jamais être au même rythme, de ne jamais être là où on nous attend.

Ce trop plein d'empathie, cette incapacité à se faire une carapace... Et tellement d'autres choses encore. Vous n'avez pas idée non.

Pourtant je n'attends rien de vous. J'ai compris que je n'y arriverais jamais. J'attends sagement dans mon coin un je-ne-sais-quoi qui ne viendra jamais.

D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je parle puisque tout le monde se fout éperdument de ce que je raconte. Je vais aller m'enfoncer encore une fois dans le noir, le néant. Seule.

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20 août 2015

Seule ensemble

C’est peut-être le côté éponge émotionnelle. Peut-être les réactions incompréhensibles. La difficulté. Il est vrai que même pour les parents c’est déjà trop compliqué. Que dire des amis qui sont censés choisir en pleine conscience. Pourquoi s’infliger des tortures volontairement. Alors c’est un départ de plus. Souvent en fanfare. Un coup de poignard, du sang, du verre brisé, des larmes. De ce côté du décor. De l’autre c’est une ligne qui s’efface, un détail anodin, une anecdote qu’on ressortira aux prochains, sur laquelle on déversera sa rancœur avec plaisir.

Mais là, de ce côté, c’est le néant. La solitude infinie, immense, écrasante. Ce vide social intersidéral, où l’absence d’interactions s’entrechoque avec la culpabilité de ne pas en être.

Tentatives vaines en jouant le caméléon. Et le jour où la confiance s’installe, où le voile se lève, où l’on laisse entrevoir un bout de vérité, un bout de tout ce qui tourne tellement, la peur frappe, le rejet suit, les coups et blessures fusent.

On regarde à travers ce prisme ce qu’on espère de toutes ses forces, ce sentiment d’exister pour quelqu’un, n’importe qui, l’espace d’une journée, l’espace d’un regard. On prie de toutes ses forces pour une interaction, de n’importe quelle sorte, on attend avec la ferveur d’un croyant cet insignifiant rendez-vous où si peu va se jouer, mais où l’égo est déposé à nu sur la table.

Mais rien ne change, rien ne se fait, rien ne se créé. Malgré toutes les tentatives désespérées d’inverser la tendance. De compréhension jamais il n’y a, d’envie sincère il n’y a jamais eu, d’amitié partagée jamais il n’y aura.

L’écoute, le conseil, le réconfort, la tentative de « faire comme », les essais d’envol. Un jour sans crier gare tout s’enfuit aussi vite que cela a commencé. Parfois y aura-t-il eu le temps d’un rire, d’un échange, d’une accolade. Parfois pas même un regard n’aura été donné.

Cette petite fille perdue dans la cour de récré, perdue dans ses pensées trop larges pour une boite crânienne trop étroite, cette enfant que personne ne comprend, celle dont les faiblesses sont tellement criantes, ses lacunes tellement voyantes que la foule fauve se jette dessus comme un alpha sur l’oméga soumis, déchire parfois en petits pièces, cette petite fille n’a jamais grandi.

Elle est toujours dans sa solitude immense, son isolement subi, son envie pitoyable d’en faire partie. Elle pense à tous ces chiens dans les refuges qui se jettent sur les barreaux de leurs cages dans l’espoir inespéré de déclencher l’amour, elles pensent à tous ces chats qui n’essaient même plus et restent prostrés dans l’ombre après des années à espérer en vain.

Elle est entre les deux. Entre les deux avec un obstacle de poids, un alter-ego cannibale, un semblable envahissant, un cerveau trop présent. Elle n’a pas encore perdu l’espoir, comme ces êtres abandonnés qui gardent encore la foi. Peu à peu agnostique, le feu s’éteint, les repères se fondent. Les dernières braises s’éteignent sur celle qui devient athée, athée avec un cœur vibrant dans le marbre.

4 août 2015

Speak no evil

Un mot, un seul. Un éclair, des milliers d'idées, toutes en même temps. Ca va vite, trop vite. Noter, fébrilement, ce qui n'échappe pas à la main qui lâche déjà, dépassée par le ryhtme. Les nerfs, les muscles lâchent, se convulsent, renoncent, l'esprit se cabre, continue son chemin, déroule des distances infinies, inscrit des concepts sans support susceptible de les inscire.

Puis l'envie de partager est trop forte, d'aider le groupe, parce que la solution est là, tenants et aboutissants,forces et faiblesses analysés. Un battement de neurone, sans savoir ni comment ni pourquoi, sans pouvoir retracer le chemin. La solution est là, trop évidente. Serrer les poings, cogiter, s'agiter sur sa chaise, mourir d'impatience à l'idée de pouvoir mettre des mots avant que tout ne s'échappe.

Le courage est là, faible, les papitations, le coeur veut sortir de la poitrine, les joues s'enflamment, les regars se braquent, la voix fluette s'élève. C'est un massacre. Hors-sujet. Déconnecté. Rien à voir. Pas ce qu'on attend. L'humiliation. La frustation. La rage. Les larmes qui montent. L'envie de s'enfuir. Le reste qui n'intéresse plus. Le dégoût de soi, pas foutu d'anticiper cette situation vécu des milliers de fois.

Puis des mois plus tard, la solution arrivera. Posée par un autre. Argumentée. Expliquée. Le groupe suivra. Applaudira. Ne se souviendra pas. Ce sera une marque au fer rouge de plus. Pourquoi savoir, pourquoi comprendre, pourquoi connaitre pour être enfermé devant une vitre sains tain, où l'on voit tout, où l'on devine l'ensemble sans que personne de l'autre côté ne se doute de rien.

Alors on frappe de toutes ses forces à la vitre. Mais même ce brusque sursaut, ce regard en face ne verra rien. Comme un tableau de Modigliani, où toutes les nuances, les courbes, les volutes de passion s'envolent pour ne plus laisser place qu'à ces yeux vides, sans âme, sans reflet. Je suis un reflet de l'infini, un reflet du vide.

4 août 2015

Donne moi l'impression de savoir

J'ai peur. Je sais exactement ce que tu vas me dire. J'ai parfaitement deviné les mots et les gestes qui vont arriver. Pourtant je joue le jeu de la surprise. Je hurle, je bous de cette injustice, je la conteste de toutes les fibres de mon être. Je sais que tu as tort.

Le problème c'est que j'ai compris que les adultes n'étaient que des enfants comme les autres. J'ai deviné toutes tes failles, décortiqué tous tes mécanismes. D'ailleurs tu ne le sais pas mais je me fais beaucoup de souci pour toi. Je sais très bien que sous ta carapace de grande personne tu es fragile. Que tu joues le jeu de la vie comme tout le monde. Que tu fais semblant de courir après un accomplissement sans cesse remis au lendemain.

J'aime te regarder pendant des heures, t'étudier, t'écouter. Pour anticiper et te protéger. D'ailleurs je te console souvent. Pourtant toi tu ne sais pas qui je suis. Tu tentes de maitriser le tsunami, de sauver les apparences. Tu angoisses terriblement à l'idée de ce que va être ma prochaine réaction, ma prochaine phrase. Je sens la honte. Surtout dans cette grande mascarade du paraitre en public. Je sens tes muscles se contracter, ta machoire se crisper, ta pensée répéter sans cesse "pourvu que...". Alors j'ai vite appris à me taire.

D'ailleurs on te l'a beaucoup fait remarquer ce mutisme. Tu as commencé à avoir peur de mes amis imaginaires. De mes jeux en solitaire. Des remarques du milieu scolaire. Alors j'ai compris qu'il fallait trouver un équilibre. Que les bonnes notes étaient le prix de la liberté. Alors j'ai joué le jeu. Joué le jeu de l'enseignement, ce milieu abrutissant où je tentais de faire rentrer mon merdier de synapses dans des cases prédéfinies. J'ai bien réussi dans l'ensemble.

Pourtant tu n'as toujours pas compris. Que j'ai tout fait pour te plaire. Tout fait pour que tu m'aimes pour ce que je suis. Mais finalement la chair de ta chair t'est étrangère. Tu es loin derrière toi aussi. Je connais toujours tes failles. Mais je ne cherche plus à les guérir.

4 août 2015

Waiting for...

J'ai pourtant bien fait ce que tu m'as demandé. Je t'ai aidé pour l'exercice. Je t'ai donné toutes les bonnes réponses. Je t'ai laissé me copier dessus. Je t'ai soufflé ce qu'il fallait répondre quand tu me lançais un regard perdu. Mais tu continues. "A la prochaine récré promis, on jouera ensemble". J'attends avec la ferveur d'un croyant ce que je n'ai pas encore envisagé comme une peine perdue.

J'ai pourtant écouté tous tes tourments, je t'ai conseillé, j'ai passé de longues heures à trouver avec toi des solutions à ce qui te faisait tant de mal. J'ai caché mon propre mal-être pour résoudre le tien, j'ai donné toute mon énergie dans l'espoir de te voir aller mieux. Mais ta vie continue, sans moi. Au-delà je n'existe pas. C'est un peu la honte de trainer avec moi.

Je suis pourtant la plus discrète possible. Je me tais, tente de me faire oublier, ou tout devant, ou tout au fond. J'essaye de répondre de la façon la moins ubuesque possible, en essayant d'être conforme. Mais pourtant tu ris. Je suis pourtant heureuse de t'être utile et de t'aider pour le bac, je passe du temps à te faire des fiches que je te donne sans les copier pour moi. Pourtant c'est bizarre, tu as oublié de m'attendre pour aller manger avec moi au self.

Je pensais pourtant que cela se voyait que j'avais renoncé. Je réponds systématiquement par "je ne sais pas". Je fuis du regard. Je me cache seule. Je me perds dans la contemplation de mes pieds. Pourtant même cette volonté de ne rien laisser transparaitre est suspecte. Tu chuchotes, tu fais circuler la rumeur, celle de la fille qui fait peur. Je m'enfuie dès la fin, je cours presque pour être seule, mais pourtant tu te souviens de mon numéro une semaine avant l'examen. Ca ne me fait même plus bizarre que tu ne me dises même pas bonjour le matin.

Aujourd'hui, au commencement du nouveau chemin que l'on m'a ouvert, je regarde en arrière. Je me souviens de ce sentiment particulier, de ce malaise, de ces boyaux tordus quand résonne ce son distinct: le rire moqueur, le rire de mépris. Mon sang se glace quand je vois cette lueur narquoise se dessiner sur un visage, quand le début d'une phrase prend cette intonation aux contours méprisants. Si tu faisais attention à moi à ce moment-là, tu verrais que mes yeux deviennent noirs, l'espace d'un instant peut-être aurais-tu peur que je me jette à ton cou.

Mais non tu vois, les zèbres se cachent, tentent maladroitement de camoufler leurs rayures criardes. Alors j'attends encore, dans l'espoir qu'enfin un jour, mon tour viendra.

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2 août 2015

L'inconnu présent

Ce paysage, je le vois sans le voir. Je me vois l'imaginer hier, avant de venir. Je me vois en train de le regarder. Je le vois demain quand je regarderais les photos. Mais là je ne le vois pas. Il m'échappe. Comme un condensé de vapeur qui s'échappe à mes doigts, je tente d'en retenir un fragment sans y arriver.

J'imprime chaque détail, chaque couleur, chaque anecdote inutile. Je le grave au plus profond de moi pour le revivre un jour. Parce que là je ne peux pas. Je vois les éoliennes au fond. Le canal en bas. Le hameau avec le clocher au toit verni. Le lac avec le voilier blanc et rouge. Les champs de blé, la chaine de montagne, les troupeaux de vaches, la péniche. Mais des heures après. Là je suis bien incapable de dire quoi que ce soit.

Je bugue stupidement devant ce panorama. Je prends des photos dans l'espoir d'imprimer un bout de mon cerveau. Mais rien, rien ne se passe. Je suis absente du présent.

Je ne suis pas dans tes bras. Je suis loin, ailleurs. Je n'arrive pas à sentir que le gout de tes lèvres, la chaleur de ta peau, ton odeur. Je suis ailleurs. J'essaye de revenir, de toutes mes forces. J'hurle à chaque fibre de mon être pour arrêter la machine. Mais elle ne m'écoute pas. Je vois le désespoir dans tes yeux. J'ai envie de pleurer.

Il y a ce violon. Ces formes géométriques. Ces couleurs. Ces idées. Ces questions. Ces lumières. Elles prennent trop de place. Il y a la nécessité de savoir à quel chiffre correspond la phrase que tu viens d'exprimer. Puis le brouillard. Avant une nouvelle tempête. Une micro connexion avec la réalité enfin. Un court répit. De quelques secondes. Un sourire. Un déclic. Une nouvelle avalanche. Je me noie dessous.

Je ne suis pas dans ton présent. Je suis une erreur de conjugaison, de syntaxe, de la vie.

2 août 2015

La nuit est trop sombre

J'entends le moindre petit bruit. Si je te regarde dans les yeux, mon cerveau va exploser. Je vais voir chaque détail de ton visage. Chaque pore de ta peau, chaque grain de beauté, chaque ride, chaque poil de barbe, chaque paillette de maquillage sur tes yeux. Je vais fermer les yeux pour me reposer l'espace de quelques secondes.

Mais la nuit, la nuit est la pire. La nuit si je suis seule. La nuit me rend folle. Il y a trop de bruits, trop d'ombres, trop de choses. Je dors avec la lumière, tapie sous ma couette. Mais je sens bien que tout continue dehors. Et dans ma tête aussi, tout continue. Je suis entre les deux. Je deviens folle. J'ai envie de hurler, de courir toute la nuit, jusqu'à m'en exploser les poumons, courir jusqu'à l'océan pour fondre dans son écume.

En réunion je vois bien que la papier peint est asymétrique. Que le store a 48 lamelles. Que la chaise a un dossier en plastique et un rembourrage de mauvaise qualité. Que le patron a un bouton de son gilet qui se défait. Que le nuage par la fenêtre a de nombreuses nuances de couleurs. Que le téléphone sonne dans le troisième bureau de droite dans le couloir. Que le café est plus acide que d'habitude. Que me chaussette est en train de glisser. Que chaque participant a un stylo différent. Que deux sont machouillés. Que la couleur de la moquette est identique aux joints des dalles du plafond.

Mais la question était pour moi. Je suis bien incapable de répondre. Je demande s'il est possible de répéter. Pour ne pas savoir mieux quoi répondre. Je bégaye. Je parle trop vite. Je rougis. Je sais que je dis de la merde. Je sens les regards de pitié sur moi. Je sens qu'on se demande comment une tarte pareille a pu faire des études. Ce qu'elle fout là. Je sens qu'on voudrait bien me mettre à la porte.

Moi aussi j'en rêve. Moi aussi je rêve d'être loin, très loin. De ce miroir coupant. Qui me blesse un peu plus à chaque fois. Qui m'éloigne encore.

Je rêve d'être comme vous. Mais même avec tous les efforts du monde, je n'y arriverais jamais.

2 août 2015

C'est la merde dans ma tête

Tu vois le problème avec moi, c'est que je commence tout, et je ne finis rien.

Parce que ça va trop vite dans ma tête, bien plus vite que ma capacité à écrire vite. Du coup quand ma phrase est enfin finie au clavier, je suis déjà très loin dans ma tête. Ca ne colle plus. Donc je dois chercher où j'en suis. Je me relis. Je trouve ça nul. Ca ne correspond pas à ce que je pense. Donc j'efface. Je recommence. Et ainsi de suite.

Il est possible de dire la même chose pour ma vie de manière générale. Je suis dépassée par mon cerveau. Il va trop loin, sans moi. Il me laisse courir derrière pour le rattraper. Parfois il me lance une bouée pour que je ne coule pas. Mais aussitôt il repart, loin. Je ne fais que passer ma vie à le regarder prendre de l'avance.

Lui n'est pas freiné par le jeu de la vie. Il n'a pas à gérer les codes sociaux. Il ne doit pas avoir de conversation. Il ne doit pas analyser ce qui l'entoure, non, lui il s'en fout. Tout ce qui l'intéresse c'est traiter des données. Encore et toujours. Sans cesse.Il lui faut de la matière à peser, étudier, décortiquer. Et quand je ne lui fournis pas il se débrouille pour y accéder directement. Il me débranche. Il se sert de mon enveloppe corporelle pour se fondre dans la masse. Mais il se fout pas mal de mon existence.

Il s'en fout que je sois rejetée, que je bégaye, que je perde les pédales, que je sois à côté de la plaque, que je raconte n'importe quoi. Lui il fait son travail de processeur. Que le reste suive il s'en fout pas mal.

Alors je suis là. Sous cet amas de connexions. J'essaye de jouer la comédie avec ces lignes de codes qui détruisent tout sur leur passage. J'essaye de me concentrer sur ce que me dit mon interlocuteur. Puis à nouveau je pars. Loin. Je ne suis déjà plus là. Et quand c'est mon tour de jouer à la comédie de la vie les mots ne sortent pas.

Je suis un ensemble de synapses tournant dans le vide. Je suis une énergie folle inféconde. Je suis surdouée. Surdouée bizarre. Surdouée au QI de performance de folie pure. Au QI verbal décalé. Je suis une matrice sans RAM. Je suis dans un pays étranger sans carte. Je suis perdue dans ma tête.

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